Je ravitaille mes petits avions sur leur porte-avion.

J’ai découvert il y longtemps chez mes beaux parents (alors que je n’étais encore qu’à mes 20 ans) à quel point leurs enfants (devenus mon mari et mes belles sœurs) avaient plaisir à revenir au sein du foyer familial. Retrouvant là cette atmosphère de quiétude, la possibilité de s’exprimer et d’être écouté sans jugement, le sentiment d’être accepté tels qu’ils étaient, une recharge automatique d’affection et l’impression que quoi qu’il arrive cette base ressourçante serait là tant que leurs parents pourraient leur apporter. Ils repartaient alors vers leurs vies respectives, reposés, prêts à affronter parfois les difficultés plus ou moins grandes du quotidien.

Bien sur, j’avais la chance de vivre la même chose chez mes parents, mais observer ces « rituels d’accueil » dans une autre famille que la sienne était tout autre chose. J’ai pu observer plus tard, que les mêmes rituels s’opéraient pour mes neveux et à mon grand bonheur pour mes enfants.

Ils étaient tels des petits avions qui reviennent sur cette base solide parquée au milieu d’une mer instable qu’est la vie. Leur porte-avion était là, garantissant cette sécurité et ce ravitaillement qui leur permettaient de repartir.

Nous ne pouvons pas mettre nos enfants sous cloche. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, notre rôle est de les laisser faire leurs expériences, découvrir le monde et parfois se confronter aux difficultés de la vie. Un enfant qui a cette sécurité affective et cette base ressourçante aura envie de découvrir le monde et aura plus de facilité à affronter les difficultés de la vie.

Voici un exemple pour mieux comprendre :

Chloé revient de l’école avec une punition, animée par un sentiment d’injustice. Sans chercher à avoir tous les éléments pour enquêter et rétablir la justice, je peux faire confiance à l’institutrice et soutenir Chloé à vivre cette difficulté. Lui montrer que je comprends, que c’est difficile à vivre sans pour autant la défendre (car l’institutrice à surement de bonnes raisons) ni à en rajouter car elle vit déjà une sanction. Je suis là comme le porte avion, lieu de ressource pour affronter les difficultés, à l’écoute, sans jugement, pour la guider dans l’apprentissage d’une règle, comme celles qu’elle aura à respecter toute sa vie.